Selon la chaîne pan-arabe Al Djazira, Ben Ali a quitté la Tunisie en direction de Paris mais la présidence française a dit n'avoir aucune information sur la venue éventuelle du président tunisien. L'Elysée se montre extrêmement prudent en faisant valoir que la situation en Tunisie est d'une "extrême complexité" et que "plus on est discret, plus on est efficace".
Mohamed Ghannouchi a précisé à la télévision qu'il assumait la charge de président par intérim et a promis de respecter la constitution ainsi que de rétablir la stabilité dans le pays, en proie depuis un mois à une violente agitation sociale.
"Comme le président est temporairement dans l'incapacité d'assumer ses devoirs, il a été décidé que le Premier ministre exercerait provisoirement ses fonctions", a dit Ghannouchi.
"Je jure de respecter la constitution et de mettre en oeuvre les réformes politiques, économiques et sociales qui ont été annoncées (...) en consultation avec toutes les composantes politiques, y compris les partis politiques et la société civile", a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont invité les autorités tunisiennes à tenir les promesses faites par Ben Ali, et notamment à respecter les droits de l'homme et à procéder à des réformes politiques. La Maison blanche a condamné d'autre part les violences et indiqué qu'elle suivait de près la situation.
ÉTAT D'URGENCE
Dans la journée, Ben Ali avait décrété l'état d'urgence, limogé le gouvernement et annoncé des élections législatives anticipées dans un délai de six mois.
"Cet état d'urgence signifie que les rassemblements de plus de trois personnes sont interdits, que les armes seront utilisées par les forces de l'ordre lorsqu'un suspect refusera d'obtempérer et, troisièmement, qu'un couvre-feu sera en vigueur de 17h00 à 07h00 pour une durée indéterminée", avaient annoncé les autorités.
Des coups de feu avaient retenti un peu plus tôt à Tunis devant le ministère de l'Intérieur où la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser plusieurs milliers de manifestants qui réclamaient la démission immédiate du chef de l'Etat.
Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, avait promis jeudi soir de ne pas briguer de nouveau mandat en 2014.
Le président, qui intervenait pour la troisième fois à la télévision depuis le début des troubles le 16 décembre, avait ordonné jeudi soir aux forces de l'ordre de ne plus faire usage de leurs armes contre les manifestants et annoncé une baisse du prix du sucre, du lait et du pain. Il a également promis la liberté de la presse et la fin de la censure sur internet.
Ses promesses ont été suivies de scènes de liesse dans les rues de Tunis, malgré le couvre-feu décrété pour ramener le calme.
Selon des sources médicales, dix personnes ont été tuées à Tunis dans la nuit de jeudi à vendredi et deux autres dans la ville côtière de Rass Jebel (nord-est).
Le dernier bilan officiel fait état de 23 civils tués depuis le début des troubles, mais la Fédération internationale des droits de l'homme, dont le siège est à Paris, parle de 66 morts.
Jean-Philippe Lefief, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français
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